N’ayant pas grand chose à raconter et à me mettre sous la dent ici à Lagos, je publie cet article que je viens de retrouver, sur un fishing trip dans le Montana en Aout 2001. C’était mon 2eme voyage vers ce paradis de la pêche à la mouche après une première expérience en 1999. Je n’avais pas encore d’APN à cette époque. C’est donc un récit sec mais qui peut intéresser certains car, je pense, toujours d’actualité …
14/08:
Paris-Atlanta-Salt Lake City. Minivan Ford récupéré (surdimensionné pour 3 mais s’avèrera très pratique et indispensable). Nuit Hotel Holliday-in.
15/08:
To Jackson Hole WYOMING. License du Wyoming 10 $/day. Wagon Wheel Village. Lodge sympa au bord de la flat creek à la sortie Nord de Jackson. Petite rivière réputée pour ses grosses Cutthroat mais très difficile. Coup du soir sur le joli meadow en amont de Jackson (se garer sur le parking de la fisherie 5 km au nord de Jackson sur la route du Yellowstone). Meadow classique avec courant très lent serpentant au milieu de la plaine et surface glacie. Les niveaux sont très bas en ce moment (sécheresse et peu de neige cet hiver). Repéré qlqs gobages discrets dans un joli virage en sortie de courant. 1 petite piquée. 1 grosse (40 cm) sur tout petit cul de canard (18) et pointe de 12/100 (6X), décrochée à l’épuisette. 1 autre grosse jamais vue décrochée sur le combat.
16/08:
Balade dans le Teton park. 11h-16h sur la SNAKE RIVER sur une partie à l’intérieur du park (accessible par un chemin en terre rive droite en amont de Moose point). Grosse rivière difficile en wading et très péchée en floatting (bateaux avec grosses nymphes). Beaucoup de raft qui descendent. Quelques spots en bordure des gros courants et bras secondaires. 5 ou 6 cutthroat en sèche dont une grosse. Rien de fabuleux, pas de gobage et pas d’insecte en plein après midi (gros cagnard). Très joli plat avec belle veine d’eau en sortie de rapide en amont du camp abandonné. Je monte une sauterelle rallongée de 80 cm avec une nymphe légèrement plombée (pheasant tail) et je peigne la veine avec la sauterelle comme indicateur. Bingo à chaque passage. Carton de Mountain Whitefish (salmonidé autochtone du type corégone de nos lacs Alpin mais vivant en rivière). Une dizaine piqués tous entre 35 et 45 cm. Bons combats sur la Sage soie 5, pointe de 12. Quelques montées de cutt sur la sauterelle.
Coup du soir sur la Flat creek au même spot que la veille. 2 grosses repérées, micro gobages sur la surface miroir. Rien à faire, tout passé (du chiro au CDC, en passant par les spents). Zéro pointé. Je confirme les données recueillies sur le WEB. Grosses Cutt mais extrêmement sélectives. Me trouve confronté au pb du mois d’aout sur ces rivières très riches: Niveaux bas, courant lents, et très petites mouches (mis à part les « terrestrials » sauterelles et autres bettles, de l’après midi). J’étais prévenu mais ce n’est pas pour me déplaire. La pêche ne sera pas aussi facile que début Juillet 99.
17/08:
Départ pour le YELLOWSTONE. Entré par le sud le long de la LEWIS river. Permis de pêche 10 $ pour 10 jours. Vu les premiers Mooses dans la rivière au grand bonheur de Romain. Remontée vers le Nord le long de l’immense lac Yellowstone et arrêt obligatoire au fishing bridge de la YELLOWSTONE rivière (juste à la sortie du lac partie en réserve) pour voir les fameuses Cutthroat gober, objectif majeur de ce trip (la YELLOWSTONE river n’ouvre que le 15/07 et je n’avait pas pu la pécher en 99). Elles sont là en nombre, toutes entre 40 et 50 cm gobant au ralentie. Du grand spectacle. La rivière est somptueuse, très large mais très basse comme prévue. C’est le grand rendez vous des moucheurs Américains durant les 15 derniers jours de Juillet. Après ça se calme car les poisson deviennent beaucoup plus délicats à leurrer. Les gros poissons, comme toujours aux USA sur ce type de rivière, sont sur les grands plats, lents et glacis. Rien pour faciliter les choses. La rivière est facile d’accés entre le lac et le début de canyon, longée et surplombée par la route. On remonte vers Cayon campground qui sera notre camp de base car très bien placé pour cette partie du park (pour pêcher la YELLOWSTONE et les rivières du Nord la Lamar et la Slough creek of course. Les rivières de l’ouest, Firehole, Madison et Gibbon, si fameuses en début de saison, sont moins bonnes en Aout car trop réchauffées par les geysers d’eau chaude se trouvant dans cette zone). Le campground est super au milieu de la forêt avec des écureuils partout et des biches. 16$ par jour. La tente installée, retour au sud pour mon premier coup du soir sur la YELLOWSTONE. Le trajet entre la tente et les spots n’est pas désagréable car traverse Eden Valley avec les troupeaux de bisons. De plus il longe la rivière ce qui permet de mater les spots et même de repérer les gobages. A 17h je suis a pied d’œuvre entre Sulphur Caldron et Le Hardy’s rapid. Mais c’est immense!! Ou pêcher?? Un guide serait utile le premier jour sur ce type de rivière. Je marche, observe, remonte la rivière en pêchant l’eau de temps à autre toujours attiré par les parties un peu plus rapides (mauvais réflexe Français) et arrive sur un immense lisse, (comme un lisse) juste en amont d’un seuil rapide. Il est 18h et là visuel sur des grosses aspirations. J’attaque un peu fébrile. Trop d’eau de mon coté, je n’arrive pas shooter dans de bonnes conditions sur les poissons en poste: Les atteindre est une chose, mais passer impeccablement sans dragage même infime, la mouche en premier la pointe upstream, suffisamment en amont du poisson pour ne pas l’alerter et suffisamment longtemps pour qu’il se décide à prendre après avoir suivi et observé ta mouche sur plusieurs mètres!!!! est une autre histoire. Et oui parce que c’est comme ça que ça se passe avec les grosses de la YELLOWSTONE. Les gobages, c’est du délire. Avec les polarisantes on voit tout et le coeur s’emballe. Le spectacle est somptueux mais rude pour les nerfs: Quand on a enfin compris ce qu’elles bouffent (et c’est pas une mince affaire), que l’on est bien placé (impossible de pêcher de trop loin. Echec garanti. Par contre point positif, poissons faciles à approcher en wading en faisant le sioux), que le shoot semble nickel, que la mouche dérive (à priori avec notre vision d’humain) naturellement, que l’on voit le bébé de 50 commencer à amorcer une montée, suivre, poser son museau sur la mouche, et finalement se détourner après 1,5 m de dérive, je peux vous dire que l’on a les yeux qui sortent de la tête.
J’en revient à mon récit. Je suis donc mal placé pour réaliser ces dérives titanesques. Rapidement je corrige le tir en traversant le seuil en aval (peu profond mais un peu casse gueule). Je suis maintenant rive droite et la config est géniale. Peu de fond sur plusieurs mètres de large et je comprends que les poissons sont en poste sur une espèce de cassure, de tombant à 5 ou 8 m du bord. Je peux donc les approcher discrètement en bonne position (plein travers, légèrement amont si possible). Et là le spectacle commence. Très vite j’oublie le 14/100 du début de saison car il apparaît comme un vilain câble monstrueux d’indiscrétion sur la surface d’huile. Tans pis je passe en 12 puis finalement en 10/100. Ca devrait être jouable avec un peu de doigté (pas d’obstacle, de la place et puis les Cutt ne sont pas réputées pour être des grandes vicieuses). Ca commence à ressembler à quelque chose. Il est 18h30 et ça s’anime de plus en plus sur le lisse. J’ai 7 ou 8 poissons dans un rayon de 15 m qui « risent » toutes entre 43 et 50 cm (elles montent et basculent le museau en sortant la queue. C’est le pied à voir). J’avais lu que cette rivière était une usine à insectes. Et là je comprend. Ca sort et ça vole de partout. Il y a un peu de tout. Mais les Cutt ne prennent absolument pas les grosses éphémères dérivant lentement. Je n’arrive pas à voir ce qu’elles mangent et mes premiers passages aves gros culs de canards si efficaces sur le gave sont stériles. Elles ne bronchent même pas. En fait je me rend compte qu’elles mangent bien en surface (elles ne nymphent pas) des insectes invisibles de loin. Je mate bien la surface et réalise que je suis en plein dans une PHENOMENALE retombée de spent (ou Spinner) de petites éphémères. Quand je dis phénoménale c’est qu’il faut le voir pour le croire. Je l’avais lu dans les livres et y assiste en direct live (pauvres rivières Françaises qui ne connaissent plus ces cycles). En fait les éclosions sont si intenses durant certaines heures de la journée que les retombées de spent sont énormes à partir de 18h30. Cette observation sera une constante durant ce séjour d’Aoà »t (ce n’est pas le cas plus tà ´t) et sera capital pour la suite. Les grosses Cutt sont donc sur les lisses et se gavent de spents entre 18h et la nuit (vers 20h40 à cette époque). c’est pas le coup du soir de 15 min à la nuit que l’on connait chez nous. Heureusement je suis gréé en spents de toute taille. A retenir: Spent de 18 à 14 corps orange ou brique et détail très important 2 cerques très longs en V en fil synthétique semi rigide blanc. Ces mouches marchent de folie.
Bon j’y suis, pointe de 10, spinner de 18. Shoot bien en amont, mending, dérive nickel, le poisson monte. Je suis sur la bonne voie. Il prend … mais pas sur ma mouche. Et oui bord.. il y a des millier de spents sur l’eau. Pourquoi prendrai-t-il le mien??. J’en monte un plus gros (14). Es-ce grâce à ça ou le hasard? Premier passage et Bingo. Elle monte sur la mienne. Pendue. Ca démarre et … décrochée. Les bou… Grand classique de la pêche à vue, quand on voit le poisson monter on a tendance à anticiper le ferrage (en tout cas c’est un pb que je rencontre personnellement). Je recommence sur un autre poisson qui gobe en amont. Peu de chance de ne pas le couvrir avec la pointe mais je ne veux pas bouger pour ne pas casser le coin. Shoot courbe. La mouche passe en premier, ça monte, pendue. C,est partie. Bon combat bien souple, un peu long sur 10/100 mais pas le choix. Superbe poisson de 43 cm bien dodue, couleur cuivrée les opercules pourpres. Ranimation et relâchée. Ouf. Ma première grosse Cutt de la YELLOWSTONE. Il est 18h45. Derrière j’enchaîne avec 3 autres poissons dont une 46 et une 49 cm qui ne rentre pas dans la raquette. Le pied. 19h30 je dois rejoindre Nath plus bas car elle ne sait pas oà ¹ je suis. Je quitte le spot au milieu des gobages mais comblé par ces 4 magnifiques poissons pour mon premier soir. Plus tard à l’endroit ou m’attendent Nath et Romain, je repère un gobage mais pas facile car gros rapide profond entre moi et elle. 10 passages merdiques. Je drague trop. Je remonte un peu en amont du poisson. C’est mieux. Pendue. Vidéo par Nath et relachée. 42 cm. La nuit tombe.
18/08:
Trip vers l’Ouest du park en passant par la route de la Gibbon. Petit arrêt obligatoire sur le Elk Meadow de la Gibbon (très basse) le temps de toucher 4 fario et une brook sur une sauterelle parachute en pleine journée.
Descente sur la Madison à « Grasshoper bank » aussi très basse et un peu chaude comme prévue mais qu’elle rivière somptueuse. Pas d’éclosion bien sur en plein après midi sous la cagne, mais repérés quelques dos le long d’un herbier. Gros cul de canard (12) fera l’affaire. 4 belles fario de la Madison (la plus grosse 38) pendues. Le park c’est ça. On se ballade, animaux, geysers, paysages et on se prend une petite heure de pêche en chemin pour tester les rivières.
Mais ça c’est du tourisme. 18h les affaires sérieuses reprennent sans concession. Retour sur le YELLOWSTONE au même spot (trop bon et trop beau). Début des hostilités un peu plus tardif vers 19h, mais quel kif. Tjs en pointe de 10, long bas de ligne, spent et petit CDC orange, 6 poissons piqués, 5 à l’épuisette dont une qui a traversé la rivière. Toutes au dessus de 42. La plus grosse 49 cm et très épaisse est épuisée. Un énorme pélican rode autour de moi pour essayer de se la baffrer alors qu’elle récupère sur le fond à mes pieds. Je suis obligé de batailler tel un escrimeur avec la pointe de mon fouet pour l’en dissuader. Epique.
19/08:
Tjs grand beau avec du vent en journée qui tombe le soir vers 18h. Journée tranquille avec ballade sur le grd Canyon de la Yellowstone et les chutes. Bon hamburger sur le lake. Le soir rendez vous avec les grosses Cutt. Même festival filmé par Nath de la rive d’en face. Tout y est même le délire avec mon pote le pélican qui est revenu. J’ai pris mon appareil photo avec moi et tire le portrait de la plus grosse (50 cm). Il faudra imaginer les couleurs car au retour en France je m’apercevrais que le film était du noir et blanc. Bien joué Nico. Petite fierté. Un groupe de moucheurs Américains en poste un peu en amont, me voyant cartonner, viennent me demander avec quelle mouche je pêche. Le pb est que la plupart restent en 14 ou 16/100 et avec ces niveaux et la taille des mouches à cette saison, ça ne pardonne pas.
20/08:
Départ pour le Nord-Est pour un treck sur la Lamar. J’ai réservé le site 3L1 pour camper à la confluence de la Lamar et de la Cache creek, petite rivière qui est donnée très intéressante dans le flyfishing guide du park. 6 Km de marche dans la vallée de la Lamar avec peu de dénivelé pour Romain. Les rivières sont encore plus basses dans ce secteur. Les Rangers m’expliquent qu’il y a eu un déficit de neige cet hivers et qu’il ne pleut pratiquement pas depuis le début de l’été. Les feux sont d’ailleurs interdits. Arrivée sur le site en début d’après midi avec Ours (black bear) repéré en arrivant sur la colline en face juste au dessus du camp. Rien de tel pour mettre en confiance Nathalie. Elle flippe à mort et ne dort pas de la nuit et n’ose même pas descendre le sac de bouffe pendu à l’arbre. Je part pêcher la Lamar l’après midi. Très facile et gavée de Cutt de 25 à 30. Pas vu de grosses (la Lamar vaut surtout le coup dans la partie meadow dans la plaine le long de la route vers Cooke city avec des grosses Cutt) . Rentré après 1 heure et une 15 zaine de poissons. Coup du soir sur la Cache Creek qui à mon avis vaut beaucoup plus le coup mais qui manque cruellement d’eau. Les poissons sont en fait concentrés dans les gros pools et on désertés les parties intermédiaires. Le but du jeu est donc de trouver les grands pool profonds et là de belles surprises sont aux rendez vous avec des cutt étonnement grosses pour la taille de la rivière. Le pb c’est que des gros pools il y en a peu et il faut donc beaucoup marcher entre chacun. Le soir je fais ma pêche sur le pool juste en aval du gué du chemin de rando. 4 poissons dont une 40 cm superbe, un régal sur l’Orvis. Petit cul de Canard et petit montage parachute pour la soirée, pointe de 10. Courant très lent.
21/08:
Départ de bonne heure du camp en remontant la Cache creek. Superbe balade à l’aube dans cette vallée, gavée de traces d’animaux. Je m’attend à tomber sur l’ours à chaque virage. Pas très rassuré le type. Nath n’en parlons pas est tétanisée dans la tente. Comme précisé plus haut, pas de poisson sur la majorité du parcours par manque d’eau. Tombe enfin après 2 Km de marche sur un magnifique pool au pied d’une petite falaise. Carton plein sur le même pool j’enchaîne 12 poissons sur petit CDC corps olive, en attaquant le bas du trou et en remontant consciencieusement vers la tête du pool. Elles ne sont vraiment pas difficiles et gobent comme des folles. La taille augmente vers la tête et les plus grosses (38) sont piquées dans la veine amont. Un régal. Rentre au camp après ce festival ne sachant pas à combien de Km se trouve le pool suivant.
Conc: Cache Creek très bonne plus tà ´t dans la saison avec niveaux normaux et à faire en treck sur une journée en structure légère en remontant la rivière. En effet la ballade sans gros sac est facile et le site de camp. n’est pas terrible (en partie brulé et très arride, cailloux).
Retour à la civilisation au grand soulagement de Nath et bon croustou à Roosevelt lodge avec café sur les rocking chair en terrasse.
Pas de place au Slough creek campground (très peu de sites et réservation non possible. Premier arrivé, premier servi avec système d’auto paiement dans une enveloppe. Pas de personnel). Il faut arrivé tà ´t le matin pour avoir une chance à cette période. Par contre super bien placé au bord de la mythique Slough creek (très bon meadow en aval du campground avec grosses cutt mais difficiles). Retour à Canyon Campground (35 min) et …. coup du soir sur la Yellowstone. Pourquoi s’en priver? Ce soir c’est décidé je les attaque avec l’Orvis. Il va y avoir du sport. Il y en a eu. 6 poissons piqués. Tjs le même calibre 45-50 cm. 3 dans la raquette et …. 3 cassées!!. 1er pas de chance elle part sous un caillou (rare). Radical pour le 10/100. La 2éme piquée de loin au milieu de la rivière et erreur de Nico. Blocage de la bobine au moment ou elle amorce un rush. La 3éme, et au milieu coule une rivière. Poisson fou. Elle m’a sortie toute la soie, dévalée dans le rapide du bas. Obligé de la suivre dans les remous sur 150 m pour reprendre de la soie. Pas moyen de la bridée dans le rapide. L’amène petit à petit sur le bord dans une partie avec très peu d’eau. Dernier acte au moment de l’épuisetage, canne haute, dernier démarrage fulgurant fatal. Clic. Une grosse 50 mais quel pied.
Les mouches du soir, encore des spents corps orange et foncé 16, 18 avec 2 grds cerques. 3 de moins dans la boite et 3 belles décorées.
Un dernier poisson piqué à la nuit avec une PMD parachute, un régal à voir dans l’obscurité et sur pointe de 12/100 (pas de pb à la nuit. Il ne faut pas hésiter à augmenter le diam de la pointe). A retenir car les gobages restent très nombreux et il y la place de faire encore plusieurs poissons à la nuit.
22/08:
Encore et tjs la Yellowstone. C’est le top en ce moment sur le park. Gros poissons, paysages grandioses, animaux, faciles d’accès… Mais que donne-t-elle en pleine journée à cette période? Arrêt pique nique juste upstream Le Hardy’s rapid. Très beau spot avec quelques parties rapides, d’autres plus lentes et profondes avec beaucoup de vaguelettes (derrière des barres rocheuses, trous facilement repérables avec le soleil-couleur bleue). Les grosses en journée sont là dans ces trous oà ¹ le courant est plus lent. Sur les conseils de 2 moucheurs locaux experts + 2 mouches offertes. Il faut de la grosse mouche en 12 ou 10 flottant bien : DDD corps poils creux rasé (les mêmes qu’en A du Sud), adams, gros cul de canard. Ils appellent ça des « attractors ». On se positionne en bordure de ces trous dans le courant qui les borde et on balaye en très longues dérives avec multiples mending. Et là hallucination. Ca monte du fond, au ralenti, forme cuivrée dans le bleu, ça suit, ça se retourne et ça prend (quand tout va bien). Avec les pola c’est du grand spectacle. Le 12/100 ou même le 14 vont bien car surface agitée. 3 grosses piquées ainsi après le breefing des moucheurs locaux (pas avares de conseils) devant Nath et Romain fou de joie (photo + film). Très bons trous (3) dans cette portion de rivière juste upstream les rapides de « Le Hardy » (en particulier le trou au niveau du gros caillou à moitié immergé). Technique rentable à partir de 11h avec soleil et chaleur. Plus tà ´t le streamer est redoutable en pêchant les postes (gros cailloux, amortis, trous …). Si pas de soleil ou frai, grosse nymphe avec indicateur de touche (à l’américaine) dans les mêmes trous que décrits précédemment. Et le soir bien sur les lisses.
Le soir retour au spot en aval. Elles deviennent de plus en plus difficiles après 5 jours de branlée. Phénoménale retombée de spent à nouveau vers 19h. La surface est couverte déclenchant la frénésie des Cutt. Je remonte un peu la rivière sur une zone « vierge » et tombe sur 5 poissons à table dans 30 cm d’eau sur quelques mètres carrés. Un spent sur 10/100 et… 4 poissons pendus sur 4 passages!!! le tout en 40 min (le temps de les combattre et de les réanimer). Folie, toutes entre 42 et 48 cm.
23/08:
Yellowstone river vers 11h. Temps couvert et frai avec vent. Rien fait monter en sèche (1 refus). Quelques poissons pris en nymphes avec gros bouchons par des locaux. Pas insisté.
Coup du soir de plus en plus tardif. 5 grosses, 3 sur spinner au jour et 2 sur PMD parachute à la nuit.
24/08:
Journée de fou. Départ de Canyon campground pour le Nord Est direction la SLOUGH Creek. J’ai un permit de backcountry camp pour le 2S1 mais Nath avec sa phobie de l’ours ne veux pas y dormir. Je vais donc faire le trip dans la journée et tenter tout de même le dernier coup du soir du séjour sur la Yellowstone. Tel est mon programme de fou pour la Journée.
Départ du parking du treck à 10h22. Montée en structure légère (petit sac à dos: barres de céréale, water, veste pluie + polaire+ orvis 4 + godasse de wading) au pas de course (toute les parties planes et descentes en courant). Arrivé à 11h16 (54 min) en aval du site 2S1 au début des gorges sous le second meadow. L’eau est très basse et décide de pêcher ces grands trous du début des gorges avant d’aborder le second meadow en remontant la rivière. Bonne option. Les 3 derniers grands pools sont gavés de ces fabuleuses grosses Cutt de la Slough. Un régal sur l’Orvis. Sur des lisses très calmes, pte de 10 et petit cul de canard corps jaune. La plupart à vue. 1 douzaine en 1h30 dont 7 ou 8 entre 38 et 43 cm!!! La taille des poissons dans cette petite rivière est incroyable. C’est de loin le meilleur backcountry trip du park à tout les niveaux (beauté, pêche). Pour finir je remonte au dessus du 2S1 (souvenir, souvenir). Là je me rend compte du niveau incroyablement bas par rapport à Juillet 99. Il manque plus d’1 m d’eau. Et de plus il y a du monde partout (l’option d’attaquer plus bas était la bonne). Pour le plaisir je m’arrête quand même sur une des fabuleuses « piscines » de la rive gauche (qui avaient tant payées un certain matin de Juillet 99 avec Matt…). La plus grosse contient encore de l’eau et reçoit 2 petits courants bien marqués. J’observe en préparant mon sac pour la descente et là surprise, discret gobage sur le bord d’une des veines d’eau. Gros museau bien large. Cul de canard 16, 1er montée ratée. Les boules!! Foutu? Non ça continu à gober. 2éme poisson? Gros CDC 12. Posé un peu plus amont (les gobages se déplacent dans la piscine). Montée, ferrée. Le cinéma commence dans la piscine sur 10/100. Plusieurs min pour échouer le monstre mesurée à 46 cm. Photo, relâchée. Les gobages continus confirmant la présence d’un 2éme gros poisson. Ca doit être la 1er manquée. Qlqs essais sans succès mais plus le temps. Il est 15h40 et je dois être à 17h au parking si je veux faire le coup du soir sur la Yellowstone. A nouveau au pas de course. C’est plus dur car il fait chaud. Arrivé à 16h50 au parking. ready pour la Yellowstone!!. Repos et restauration en voiture avec Nath au volant. Bien cassé mais en en action à 18h30 au spot après avoir traversé la rivière. Je remonte un peu comme la veille. Ca commence tard vers 20h, mais quelle folie. Une première 46 sur spinner. Après plus moyen d’en piquer une. Elles dédaignent mon spent. Je réalise un peu tard (trop de certitudes nuis) qu’elles ne sont plus sur les spents. PMD parachute en action, bien visible un bonheur tel un phare sur la surface lisses dans l’obscurité. 3 passages, 3 poissons dont 1 de 50. Beau final pour mon dernier coup du soir sur la YELLOWSTONE.
25/08:
Départ pour la mythique Henry’s Fork IDAHO par West Yellowstone. On quitte le park en longeant la Madison superbe avec une harde de biches dans l’eau.
Cette fin de séjour sur la Henry’s Fork, affluent de la Snake, ressemble plutà ´t à un challenge qu’à un réel besoin de faire un carton. En ce qui concerne mon appétit de prises il est déjà assouvi. Par contre l’idée de me mesurer à ces fameuses grosses rainbow de HARRIMAN STATE PARK réputées aussi difficiles (extrait article revue Jack Dennis site web: The flat meadow of the Harriman state park encompasses some of the finest dry fishing in the world. This kind of fishing is not for everyone and these very selective rainbows have destroyed the egos of some of the world’s finest flyfisherman on more than one occasion!!!) ne me déplait pas.
Arrivée vers 13h à LAST CHANCE (tout un programme) petite bourgade paumée au bord de la Nationale 20 (des fly shops et des bars). Ca me rappelle un peu Fortsmith sur la Big Horn. Arrêt au Henry’s Fork Anglers fly shop pour la licence (10 $/d) et quelques mouches du coin: Micro Trico en 20 et 22 (émergente et spinner), callibaetis. Ca promet. Les conseils sont flous et pas très précis. Ils veulent vendre du guide. Le plus important tout de même au milieu de ces banalités évasives: Grosses retombée de spent de trico le matin entre 9h et 12h faisant sortir les poissons. Le soir pas terrible!!. Ce qui me manque ce sont les coins (carte avec grands coups de crayon sur 9 miles de distance avec ça en 1 jour 1/2 je suis marron). Bon. Installation au riverside campgroung, 7 miles au sud au bord de la Henry’s fork (site à l’ombre surplombant la rivière. Partie rapide à nympher mais pas terrible pour pêcher en sèche. Moose venant boire le soir. Rustique mais sympa. 10$/d).
1er contact le soir avec le meadow de Harriman Park. Garé au parking du ranch. Fee 3$ (petite route à droite juste après Oshborne bridge en descendant de last chance vers le sud). Et là c’est beau, immense plein d’oiseaux sauvages, canards, oies… mais oà ¹ pêcher?? Enorme meadow au milieu des prés, glacis, très lent. Repéré quelques beaux gobages, mais trop de fond, impossible à atteindre, je marche, reviens, rien de bon. Quelques gobages sur un virage mais que de la petite arc (touché 1 de 28). C’est pas ça. Pas grand monde pour me renseigner. Retour au camp un peu dépité.
26/08:
Le lendemain matin je remonte au dessus du ranch, amont du pont du mail box. Grand meadow peu profond. Les rainbows sont là gobant à partir de 9h sur des spents de trico minuscules mais en quantité incroyable (ça forme une mousses d’insecte dans les amortis en bordure des criques). Comme prévu c’est à s’arracher les cheveux: Micro mouches, surface d’huile, pas ou peu de courant, poissons en mouvement permanent ne tenant pas les postes, paquets d’herbe dérivant se foutant sur le bas de ligne. Terrible!!! Une malheureuse 30 cm pendue, 2 refus et vu 2 monstres sortir sous la berge. Maigre bilan. Les poissons s’alimentant ne sont pas gros et gobent une fois tous les 1/4 d’heure en se déplaçant. Il doit y avoir mieux. C’est sur. Les gobages stoppent vers 11h30 et sur le retour en marchant sur la bordure une volée de sauterelles démarre, qulqs unes tombent à l’eau rabattues par le vent. Bloof, Bloof!! Un monstre s’est mis à table. Je suis en amont d’elle, vent de coté, les herbes hautes qui me gênent et deux moucheurs VTTistes au niveau du poisson. Avec ça je suis bien. Je foire le coup. Last Chance of the day. Le soir repos, réflexion, grillade au clair de lune. Mais parfois le salut du pêchou vient de petits malheurs!
Histoire de la truite à 50$:
27/08:
Dernière matinée de pêche. Very Last Chance. On démonte le camp pour descendre sur IDAHO Falls pour prendre l’avion. Accord avec Nath pour tenter un dernier coup jusqu’à 12h. Vérification des papiers, des billets d’avion, des dollars… Il manque un billet de 50$. Le dernier. Merd… J’ai du le perdre hier soir en allant acheter la viande à la Grocery de Last Chance. J’avais discuté avec l’épicière essayant de glaner des renseignements sur un bon spot (j’avais remarqué une canne à mouche derrière la caisse). Mais son mari pêcheur n’était pas là pour me répondre et elle me proposait de revenir le lendemain matin pour obtenir ce renseignement capital (de la part d’un local, mari de l’épicière. C’est sur c’est le top). Je lui avait répondu que c’était trop tard car je partais et que je n’aurai pas l’occasion de repasser le lendemain matin (12 Km dans le sens contraire de notre route). Mais devant cet évènement imprévu, la perte de 50$, nous décidons d’y passer au cas oà ¹ pour tenter de récupérer le pognon. Point de pognon, mais le mari de l’épicière oui. Un bon poivrot, bien touché par le mauvais whisky, les yeux injectés de sang. Il crache le morceau. A cette saison les gros poissons descendent et se trouvent plus sur la partie basse du meadow. Je lui sors la carte et il m’indique, la main tremblante une petite anse au bout d’un petit chemin: Here, big fish rising from 10 am to noon.
Je remonte dans la voiture et dis à Nath: »Ces 50$ c’est un signe des dieux. Je vais taper mon monstre, je le sent »
En route pour le spot (petite route à gauche avant oshborne bridge, puis chemin caillouteux à droite 3 miles plus loin. Arrive au bord de la Henry’s Fork). Spot grandiose. Des pêcheurs sont déjà là . C’est ici, c’est sur. 9h45 je suis en action dans le virage indiqué. Elles sont là , 4, 5, 8 des dos énormes gobant au ralenti sur la surface d’huile couverte de spent de trico. Pas un pet de vent. Le pied. J’ai sorti l’Orvis en soie de 4 plus fine plus discrète, pointe de 10/100 (tan pis), immense bas de ligne, trico en 20. Mais l’enfer continu. Elles montent à coté dédaignant ma mouche qui semble accrochée à un câble malgré le 10/100.. J’insiste et change plusieurs fois de mouche. Je monte un trico noir émergent avec ptes ailes blanches que je vois mieux. 11h. Elle gobe dessus Ferrage. Bingo. Elle y est. La grosse rainbow sauvage de la Henry’s Fork à 50$ (moins chère qu’un guide). Mais c’est pas gagné sur 10/100 avec les herbes et la furie d’une arc. Gros rush, jump, ça tient. Paquet d’herbe sur la pointe. Je suis mal. Je suis le poisson, tout en douceur. C’est bon dans la raquette à la volée. Ouf photos, gros poissons trappu, 52 cm~3 lbs. Le pied. Mission accomplie. Mais quelle difficulté. Tous les pêcheurs du spot sont bredouilles et dépités. Discussions aux voitures. Ils pêchent gros (6X, 5X soit 12 ou 14/100. Raison ou pas).
Départ pour IDAHO FALLS heureux.
Après deux séjours complètement différents dans l’ouest des USA (saison, niveaux d’eau, rivières pêchées, mouches et techniques utilisées), mais tout aussi passionnants (moins de poissons pris que fin Juin 99, moins d’heures passées sur l’eau, plus de gros poissons, plus difficile..), le trip idéal se dessinerait comme suivant:
Période 10 Juillet _ 25 Juillet
Arrivée BOZEMAN ou BILLINGS
Rivière:
– BIG HORN of course 2 ou 3 jours. Cottonwood campground.
– Descente sur le park, SLOUGH CREEK 2 ou 3 jours avec backcountry permits 2S1 et 2S7 (3éme meadow) à réserver très à l’avance par écrit. Cutt
– YELLOWSTONE river ouverture le 15/07. Cutt. Canyon campground.
– FIREHOLE, MADISON, GIBBON pour les farios et arcs. Madison campground ou cabin à West Yellowstone.
– HENRY’s FORK pour finir 2 jours. Grosses rainbows plus facile que fin Aout (grosses stone flies comme sur le park d’ailleur). Riverside campground.
Départ IDAHO FALLS ou BOZEMAN (un peu plus loin mais jouable) si pas possible avec les avions.
Ce récit de pêchou est dédié à la mémoire de mon ami Roger monté subitement au paradis des pêcheurs alors que j’attaquais mon premier coup du soir de ce séjour. Le coup fut terrible à mon retour en France. Tant d’heures passées ensembles à traquer les sailfishs et autres tarpons du Gabon ou ces mémorables parties de surfcasting de PG2. Une vraie amitié et des centaines d’heures de passion partagées. Et même pas là pour t’accompagner vers ta nouvelle demeure. Salut l’artiste et merci pour tout.