Le Gave est bien redescendu après les orages et le spate a 1,4m d’hier soir. Un joli 0,9 m et une eau encore légèrement teintée. Et tout ça agrémenté d’un temps un peu frais et nuageux. C’est de bonne augure et je décide de descendre un peu plus tôt que d’habitude, anticipant un coup du soir moins tardif qu’après une journée de chaleur.
Bonne option. Il est 19h00 et un grand lisse en amont d’un rapide abrite déjà quelques beaux spécimen, à table sur des petits sedges foncés. La surface est glacie et le spectacle est une nouvelle fois grandiose. 3 ou 4 poissons entre 45 et 50 s’en donnent à coeur joie en me gratifiant de fantastique head and tail. J’attaque la plus en aval, en limite de l’accélération. Mon sedge parachute est aspiré au 2eme passage. Ferrage, piquage, gros bouillon, décrochage. Ca commence bien… Moindre mal. Rien n’est calé au dessus. Je me replace pour attaquer le bon gros gobage un peu plus amont. 1st cast, mending, ça passe bien, le bec perce la surface, la truite bascule, ferrage. Cette fois ça tient. Ma pointe est neuve .. (voir article précédant) et c’est en confiance que je bride la belle qui cherche à dévaler dans le rapide aval. C’est une magnifique truite de 47/48 qui se rend après un rude combat.
Par contre elle a fait le ménage. Les autres poissons ont détalé. Je change de spot. 0,9m est un très bon niveau pour The berge. Il faut un peu d’eau pour animer cette magnifique veine d’eau. Bonne option. Il est 20h00 et plusieurs poissons sont déjà en poste.
J’attaque la première qui semble plus intéressée par de belles éphémères que par les sedges. Pas de problème ma belle. Je change le menu et lui propose un bon CdC corps brun sur 103BL en 17. Poisson compliqué, placé en limite d’un courant puissant mais qui ne prend pas dans le seam. Il me faut passer en revers si je veux avoir une chance de lui présenter ma mouche sans draguer. Après quelques réglages c’est le bon passage. Aspiration au ralenti mais ferrage un peu retardé par ma bannière. Le fish démarre vers le milieu de la rivière. C’est encore un gros poisson, comme souvent sur ce poste. Je la perd rapidement. Décrochée.
La suivante est plus facile, décollée de la rive, gobant bruyamment tout ce qui lui passe sur la tête. C’est un petit poisson de 30/32 cm vite relâchée après une photo souvenir.
Je continue ma remontée. Je calle un poisson quelques mètres plus haut en lui posant lamentablement ma soie sur la tronche. Un autre poisson est en activité 3 mètres plus haut, collé contre un gros bloc. Il faut pratiquement couvrir le caillou avec la soie pour avoir une chance de faire passer la mouche dans la bonne veine d’eau. C’est ce que je tente et miracle, tout ce passe comme prévu. La soie se pose sur le bloc de rocher et mon CdC touche l’eau 1 m plus haut dans la veine d’eau qui lèche le caillou. La truite monte et aspire ma mouche. La sensation au ferrage est pleine de promesse. C’est du lourd. La truite ne démarre pas tout de suite et commence à remonter tranquillement le courant tout en puissance, avant de sonder vers le milieu du Gave. Je ne maitrise pas grand chose et perd ce magnifique poisson, en plein courant, toute la soie dehors. Cassée ? Non décroché. Celle là j’aurais bien aimé la voir et lui tirer le portrait.
Ma déception est vite effacée par ce doux bruit caractéristique de claquage de mâchoires aquatique. C’est juste devant moi, derrière une branche immergée. La luminosité a bien baissée maintenant et je repasse en sedge parachute. La truite continue son manège et les gobages semblent prometteurs. Le pompon blanc de mon sedge se détache parfaitement dans la pénombre. Un vrai régal. Cette truite se déplace beaucoup et ratisse large. J’attend la bonne série de gobages et dépose ma mouche dans le seam. Le bec perce le film, ferrage retardé et démarrage foudroyant vers le large. Elle sonde (le gave est très profond à cet endroit) et donne de grands coups de tête. Je descend avec elle en priant pour qu’elle n’aille pas se caller sous un des gros blocs qui forment un tombant entre la rive et le profond du Gave. Elle commence à remonter et je parviens à l’amener dans une zone peu profonde ou je peux enfin l’échouer et admirer ce magnifique poisson. C’est une 20 inches, très lourde, trapue. Superbe truite du Gave.
Voilà qui cloture ce très bon coup du soir. Un de plus. Le Gave est vraiment fantastique cette année et les éclosions très régulières. Serait ce le début du renouveau des nos gaves pyrénéens ? Il ne faut peut être pas crier victoire trop vite, mais c’est vraiment très encourageant. Je n’ose imaginer le joyaux que serait cette rivière sans les ouvrages hydroélectriques et sans tout les mangeurs de truites et autres killers affublés de leur panier en osier !