Retour en Guadeloupe avec comme objectif la traque du mythique bonefish à la mouche sans oublier les baby tarpons de la mangrove du Grand Cul de Sac marin ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’objectif a été atteint !
J’avais réussi à piquer quelques uns de ces fantastiques poissons au rush destructeur et surpuissant (certainement un des rapports combativité / taille de poisson les plus hallucinant de la gente piscicole) lors d’un précédent voyage en Guadeloupe (voir articles dans la rubrique « mes pêches tropicales »). Cette fois Romain est de la partie et bien décidé à en découdre lui aussi avec une de ces fusée argentée. La Guadeloupe ne fait pas partie des grandes destinations pour le Bonefish (ce n’est pas Cuba, les Bahamas ou Los Roques). Les poissons sont peux nombreux, bien que souvent de belle taille, et les zones pas très étendues. Ce sont des « poches » de flats que l’on trouve sur la cote sud de Grande Terre entre St Anne et la Pointe des Châteaux. Des petites zones, couvertes de « turtle grass », coincées entre les plages et la barrière de corail très proche. De plus ce poisson, jusqu’alors ignoré en Guadeloupe, est depuis quelques années pêché par quelques moucheurs et pêcheurs locaux. Ils sont devenus beaucoup plus méfiants et rares. La marée bien que de faible amplitude, est aussi un paramètre important à prendre en compte car certains de ces flats ne sont plus pêchables par eau trop haute. Tout ça pour dire que la poursuite du Bonefish en Guadeloupe est un vrai challenge ! Afin de mettre toutes les chances de notre coté nous faisons appel pour notre 1er journée aux services d’un guide, Patrice Fournier de Karaibfly et toute sa connaissance de ce poissons et des spots de Guadeloupe. Rendez-vous est pris, à l’aube, direction les flats. Le personnage est chaleureux et redoutable d’efficacité. Les conditions sont difficiles avec du vent et des eaux un peu trop hautes. Mais Patrice place rapidement Romain en situation de shoot sur ses premiers bones. Vision magique, formes élusives, mirage ? Patrice lui lance des instructions précises pour attaquer ces poissons mais sa fébrilité bien compréhensible fera avorter cette première tentative.
Ce n’est que partie remise sur un autre flat, et Romain se retrouve attelé à son premier bonefish. Le premier rush est fulgurant mais parfaitement contrôlé par Rom et ce n’est qu’après le troisième rush que le poisson arrive enfin à ses pieds. Romain vient de faire son premier bonefish à la mouche!! Et quel bonefish. C’est du lourd comme souvent à la Guadeloupe, un bon 5 lbs. Quel bonheur.
La matinée est maintenant bien entamée et le vent a forci rendant la prospection des flats impossible. C’est l’heure d’aller s’essayer sur les baby tarpons dans les rivières à mangrove. Changement de décors mais sensations garanties. Attaques à répétition sur lancer léger et leurres de surface ou popper, des snooks, petites carpes rouges et les surpuissants tarpons. Beaucoup de décrochés mais quel spectacle! Animation canne basse, arrêt, gros bouillon, jump. Tarpon sur la queue, gueule ouverte, leurre éjecté. À couper le souffle. Cette action se répétera de nombreuses fois, avec en point d’orgue cette perte d’un tout gros. Quel fish! Énorme, 10-15 kg ? qui en paraissait bien plus dans cette petite rivière. Perdu aussi après plusieurs sauts spectaculaires sur la queue. Plusieurs se feront tout de même tirer le portrait dont quelques tout beaux de 6 ou 7 lbs. Quelle journée !
La suite du séjour se déroulera entre plongées en apnée sur les pointes rocheuses de Basse terre, avec en point d’orgue la rencontre avec une magnifique tortue à écaille, des parties de pêche mémorables au tarpon et snook, une autre sortie sur les flats avec un magnifique bonefish pour Romain (aucune pitié pour son pauvre père) et quelques sorties au large à la poursuite des marlins et autres wahoos. Carton plein, grand schlem ! Rien ne manque à l’appel, y compris quelques petit marlins piqués sur le sec de pointe Noire.
Entre autres faits d’armes mémorables, cette fantastique partie dans la mangrove un jour où les tarpons étaient en furie, attaquant les poppers et autres suspenders à chaque lancé. Animation entrecoupée de longs arrêts et explosion, jump gueule ouverte, rush, cabriole, du grand spectacle sur les petites cannes Shimano Biomaster. Le taux de décrochage est très élevé mais le nombre d’attaques compense largement cette frustration. Les combats s’enchainent, Romain, Louis, Christian (captain Marlin), tout le monde s’éclate. Quelques beaux spécimens se font tirer le portrait. Les plus gros (comme toujours ..) nous refuseront cette honneur. En particulier ce poisson estimé à une vingtaine de kg qui sorti de nulle part viendra engloutir mon popper à l’arrêt dans une gerbe d’eau monstrueuse avant de démarrer en puissance dans l’axe de la rivière et de nous gratifier d’un saut tarponesque, gueule ouverte, suspendu dans les airs, secouant la tête et éjectant le leurre, dédaigneusement. Quel spectacle ! Entre deux trouées de végétation, je réussirai aussi à dérouler un peu de soie et à présenter un beau streamer en limite des racines de mangrove de la berge opposée. Je toucherai 3 tarpons, tous perdus plus ou moins rapidement. Mais quelle sensation ! Ma vieille Sage RPLX+ se revoyait 15 ans plus tôt sur les tarpons et autres carpes rouges du Gabon.
Une petite vidéo du combat de beau beau Tarpon par Louis:
Un autre jour, les tarpons étant moins agressifs, c’est un magnifique Snook qui attaque le leurre de surface de Romain au raz d’un bois mort immergé. Quel poisson !
De retour sur les flats, dans des conditions difficiles rendue par les marées qui seront toujours trop hautes durant notre séjour.
Romain peigne consciencieusement une zone propice (plaine de turtle grass entourée de plateaux coralliens et de chenaux sableux) que je connais bien et qui m’avait rapportée quelques années plus tôt quelques magnifiques Bonefish. Bingo, canne basse Romain encaisse la touche si caractéristique du Bone qui vient d’engamer sa Crazy Charlie. Ferrage sur la soie et rush. Sur le backing en quelques secondes, Romain gère l’action comme un pro. Changement de direction vers la plage, passage de bouée acrobatique, l’affaire est dans le sac et le poisson dans la caméra. Magnifique Bone de la Guada. Trop cool !
Une petite vidéo de la relâche de ce magnifique Bonefish:
Voilà pour les pêches du bord à pied. Quel potentiel énorme. Sans parler des possibilités encore plus grandes, en particulier à la mouche sur les tarpons et snooks en prospectant les dédales de mangrove et canaux en bateau. On s’y essaiera mais pas de façon assidue avec le petit Boston Waler de Christian en allant plonger sur les ilets du grand cul de sac marin. A faire plus sérieusement la prochaine fois.
Au large, c’est du classique, grande traine autour des DCPs et sur les tombants du sec de Pointe Noire. 5 attaques de marlin, 2 petits males (80 kg) ramenés et un magnifique Wahoo pour compléter le tableau pêche de ce séjour 2011 à la Guadeloupe. Seul regret, les pêcheurs de marlin en Guada ont encore du mal à pratiquer le catch and release. En espérant que les mentalités changent rapidement dans ce petit bout de France éloigné.