La faute à  un hiver qui jouait les prolongations, à  l’eau de neige et à  l’absence d’éclosion, les brown trouts de la Don n’avaient pas encore mis le nez dehord à  mon grand désarroi. Déjà  le 26 Avril et pas encore la moindre occasion sur un gobage. Aujourd’hui on frole les 15°C, la rivière est encore froide et haute mais c’est décidé, j’échange la 14 ft et les tube flies contre la Sage soie de 5 et les culs de canard.

Direction Kenmay en amont d’Inverurie. Je connais un joli lisse assez abrité du vent sur lequel sortent souvent des beaux poissons en début de saison. Il est midi, pas un insecte sur l’eau. Je m’assoupi dans l’herbe, pas vraiment optimiste. 12h30, j’ouvre un oeil, quelques March brown espacées dérivent, mais à  priori, pas de quoi déclencher l’activité des brownies. Je m’apprête a repartir dans mes rêveries quand le 6eme sens du traqueur de truite vient à  ma rescousse. Vous savez ce signe imperceptible, furtif, hors du champ de vision, qu’un non pêcheur ne peut percevoir. C’est en aval de moi, à  quelques mètres de la berge. Je fixe maintenant le point, une éphémère dérive dans la zone et le tant éspéré « head and tail » se déclenche, comme par magie. Montée d’adrénaline. C’est du sérieux. Grande inspiration et plan d’attaque. Il faut que je redescende en aval du poisson sans le caler. Seule solution faire un immense détour au large de la berge. J’y suis, j’attend qu’elle remonte pour bien la localiser et me rapproche discrètement encore de quelques mètres. A moi de jouer maintenant. Le coup n’est pas facile, je ne peux pas rentrer dans l’eau et le vent de face me gène. Pas droit à  l’erreur car je n’aurai pas une autre chance aujourd’hui. 2 faux lancers et 1er cast en sèche de la saison. Je retiens mon souffle. La march brown cul de canard dévive idéalement et comme dans un rêve un museau épais crève la surface. Ferrage, piquée. La suite n’est que du bonheur, la combativité de ces grosses farios de la Don est phénoménale. La pointe en fluoro 14/100 encaisse bien les coups et je parviens finalement à  amener ce superbe poisson dans la raquette. Petite scéance photo, mesurée à  52 cm et délicatement remise à  l’eau. Première truite de la saison sur mon premier lancer de la saison – 52 cm. C’est bon l’Ecosse.