Pas de doute, je confirme, la Don est dans de bien meilleures dispositions, et honore à nouveau son rang de fantastique rivière à truite. Cette soirée, avec un peu plus de chance, aurait pu être une partie d’anthologie. Elle restera sans aucun doute un fantastique souvenir. Tout commence sur le beat de Parkhill, où dés 20h quelques jolis poissons sont déjà en activité sur des petites olives.
Je parviens à faire une première truite très colorée dans la lumière du soleil couchant. C’est une entrée en matière prometteuse.
Retour sur Manse pool.
Les conditions sont idéales et beaucoup d’insectes dérivent déjà sur le lisse. Un beau poisson, parmis plusieurs plus modestes, est en poste. Pas facile à couvrir, je suis obligè d’allonger pas mal de soie. Elle monte enfin sur une petite éphémère en CdC sur 103 BL size 17. C’est effectivement un gros poisson, probablement pas dans la game des 50+ mais pas loin. Je n’aurais pas le plaisir de lui tirer le portrait, la décrochant avant la mise au sec, alors que je cherche désespérement ma raquette dans mon dos. Point de raquette ! Perdue ? Ou oubliée à la maison ? J’espère car, plus que sa valeur intrinsèque, cette raquette compte énormément à mes yeux, achetée à Bozeman dans le Montana en 99 lors de mon premier séjour dans les rocheuses et ne m’a jamais lâché. La truite a peut être profité de cet instant de profond désarroi pour se faire la belle. Dommage. D’autant plus que son raffut a sérieusement calmé la zone.
La cassure du lisse
Je me dirige alors vers la fameuse cassure en bas du lisse.
Il fait déjà bien sombre mais l’éclosion de sedge s’accentue et devient même massive. Il y en a partout, ce qui ne tarde pas à provoquer la sortie de quelques brownies, dont à nouveau un poisson trophée, exactement sur le même poste de celle d’hier. Le « head and tail » est à nouveau impressionant. La stratégie mise en place hier est maintenant bien rodée (voir billet précédent). Je suis donc assez rapidement en position dans la même inconfortable position qu’hier soir, sans raquette, ce qui risque de compliquer encore un peu plus la tache. Le scénario se répète à l’identique, l’épilogue sera par contre bien différent. Je n’ai pas changé ma mouche, confiant face à ce poisson bien installé qui ne semble pas chipoter sur le type d’insecte. La prise est franche, sans équivoque, le démarrage surpuissant, le premier saut impressionant. C’est du gros. La pointe du 103 BL fin de fer n’y resistera pas. Je pense avoir cassé sur le leader, mais c’est l’hameçon qui a cédé. C’est effectivement le point faible de ce néanmoins remarquable hameçon de part sa légèreté et extraordinaire piquant, qui ne m’a que très rarement fait défaut. Le risque survient quand le poisson est mal piqué sur la pointe.
Je parviendrais à leurrer un dernier poisson d’un calibre, soit, bien plus modeste (42 cm) mais particulièrement trappu et combatif.
Il est bien tard maintenant et j’ai eu ma dose d’émotion pour ce soir. Une loutre traverse la rivière devant moi et je quitte ce lieu magique. Un peu anxieux je rentre à la maison pour y découvrir ma raquette négligemment oubliée (comprend pas comment elle s’est décrochée de son anneau d’attache du gilet ???). Soulagement. Tout se termine bien, encore hanté par la vision de ce léviathan de la Don retombant dans l’eau dans un bouillon fracassant (pour l’hameçon) après son saut.