Retour sur le Gave avec Romain. La journée a été chaude et la soirée s’annonce des plus douce. Nous changeons de spot et retournons sur le plat de notre ouverture. La rivière est belle, le niveau stable,autour des 1 m. Il est 20h30 quand nous arrivons au bord de l’eau, des sedges dérivent déjà et le plus beau des spectacle dont peut réver un moucheur est déjà en scène:
Quatre ou cinq poissons de plus de 50 cm sont à table sur 20 m de berge. J’attaque le premier qui est quasiment impossible pour un droitier avec un roncier surplombant la rivière. Après quelques dérives, la belle engloutie mon CdC dans une aspiration bien grasse, ferrage à la bascule et démarrage vers le milieu du gave, jump 10 m derriere le point de pénétration de la soie dans l’eau, miracle le 6x ne cède pas, mais passage dans herbier ou obstacle. Vibrations caractéristiques dans la canne, elle se décroche.
La suivante s’est callée mais un autre léviathan est toujours actif un peu plus haut. Elle est dans 40 cm d’eau sur la bordure dans un calme, se déplaçant de temps en temps dans le seam pour prendre des mouches au ralenti, le bec perçant la surface dans la lumière rasante. Nous sommes pétrifiés devant ce spectacle. Celle là elle est pour Rom. Il peut l’attaquer en cout droit afin de former la bonne boucle qui va lui permettre de passer en limite du calme sans draguer immédiatement. Après quelques ajustements agrémentés de gulpages d’antologie, c’est la bonne dérive. Le poisson se déplace comme prévu, le museau noir perce la surface glacie et vient engloutir son sedge CdC dans un bruit caractéristique de gobage de gros poisson (du style clacage de machoires amorti par l’eau, rappelant un peu le coup de clonq en surface des pêcheurs de silure). Ferrage parfait dans le tempo. Le poisson démarre vers le large et dévale. S’en suit un combat mémorable maitrisé de main de maître par Rom sur pointe de 6x. Il mettra de longues minutes pour la forcer à quitter le lit central du Gave où elle s’appuie sur le courant puissant. Canne à plat le nerf de sa canne Orvis fait merveille pour amortir les coups de tête du poisson. Je vois pour la 1er fois le fish passer à mes pieds. C’est du très gros et préfère ne rien dire à Rom (il a perdu tous ses gros poissons sur le Gave cette année, et je n’ose imaginer sa deception si par malheur il perdait celui ci). La truite commence à montrer des signes de faiblesse. Je me positionne en aval et la ramasse à la volée dans ma raquette afin d’abréger ce combat qui a trop duré. Il était temps, la mouche ne tient que par un fil sur le bord de la machoire monstrueuse de ce gros bécard. Rom voit son poisson pour la 1er fois et laisse exploser sa joie. C’est une truite somptueuse, de 52 cm trapue avec des nageoires comme des pelles à tarte. Le 1er poisson trophé du Gave en sèche pour Rom. C’est génial. C’est le Montana avant l’heure ! Il commence bien ses grandes vacances.